Contribution à l’étude des transferts culturels en Méditerranée médiévale (VIIIe–XVe siècles)
30/4/09 .- http://www.dhi-paris.fr
Contribution à l’étude des transferts culturels en Méditerranée médiévale (VIIIe–XVe siècles): L’exemple de la culture matérielle et des techniques
Responsable: Yassir Benhima
De tous les biens culturels en transfert dans la Méditerranée médiévale, les productions matérielles sont indubitablement les plus échangées et les plus diffusées. En comparaison avec les productions intellectuelles, certes difficilement quantifiables mais qui sont forcément une affaire d’élites, une frange plus large des populations sur les deux rives de la Méditerranée était concernée par l’utilisation ou la consommation des produits matériels.
L’étude des artefacts en circulation, de leur adoption et réappropriation de part et d’autre de la Méditerranée, permet de sortir des travers de certaines lectures paradigmatiques qui ont pensé le pourtour méditerranéen selon deux postures opposées. D’abord celle du socle méditerranéen commun, envisageant les aspects matériels sous l’angle d’un déterminisme écologique ou sociologique tenant peu compte des spécificités culturelles des civilisations méditerranéennes médiévales. Ensuite, la posture de la Méditerranée comme un espace frontalier, où s’entrechoquent des cultures diamétralement opposées, engagées dans un affrontement continu. L’étude de la culture matérielle peut participer à dépasser l’aspect clivant de ces deux lectures, en mettant l’accent sur les espaces de contact et les flux d’échanges.
L’actuel projet a ainsi pour objectif de scruter différentes facettes des échanges matériels et techniques en Méditerranée médiévale, au travers de l’exemple de l’Occident musulman médiéval (Andalus et Maghreb). La notion de culture matérielle, par la richesse des questionnements qu’elle suscite et la multiplicité des champs disciplinaires qu’elle implique, offre un cadre prometteur pour réflexion. Son terrain d’étude englobe tous les aspects des rapports de l’homme à la matière et à la technique, notamment:
* les rapports de l’homme au milieu naturel et la mise en valeur des ressources naturelles
* les techniques de production et l’organisation du travail
* les produits matériels obtenus (objets, paysages, outils de productions, produits consommables) en tant qu’artefacts.
Partant de cette définition, l’on pourra s’interroger sur les artefacts échangés en Méditerranée médiévale comme vecteurs de valeurs culturelles et supports d’expressions identitaires, dont la circulation participe de la construction du rapport à l’Autre et de son identification. Plusieurs pistes de recherche sur les circuits de ces échanges et leurs modalités, ainsi que sur les formes d’emprunts, de réception, de réappropriation ou de rejets d’artefacts, peuvent être soulevées.
Pour le monde musulman, peu de travaux ont abordé la question de la place accordée aux objets occidentaux et leur réappropriation. Des enquêtes spécifiques à des types variés d’artefact permettraient de saisir la diversité des formes d’encodage social et culturel Occident musulman. L’on peut ainsi s’interroger sur les modalités de la réutilisation dans les lieux de culte musulmans d’objets chrétiens, notamment de cloches importées en guise de trophées et remployées en lustres. Dans un contexte séculier, il convient de s’intéresser à l’utilisation et à la diffusion des tissus européens à la fin du Moyen âge. Produits en grande quantité grâce au développement des techniques de fabrication, les tissus européens inondent les marchés des pays musulmans et supplantent progressivement des productions locales peu compétitives.
Enfin, il serait nécessaire de revenir d’une manière précise sur le rôle de la langue comme forme de réappropriation des éléments de la culture matérielle. Comment les objets changent de noms (et peut être aussi de statut) le long de leurs voyages entre les cultures, ou, dans le cas contraire, comment les emprunts linguistiques accompagnent le transfert des artefacts.
Vers le groupe de recherche «La France et la Méditerranée. Espaces de transfert culturel» Enlace
Responsable: Yassir Benhima
De tous les biens culturels en transfert dans la Méditerranée médiévale, les productions matérielles sont indubitablement les plus échangées et les plus diffusées. En comparaison avec les productions intellectuelles, certes difficilement quantifiables mais qui sont forcément une affaire d’élites, une frange plus large des populations sur les deux rives de la Méditerranée était concernée par l’utilisation ou la consommation des produits matériels.
L’étude des artefacts en circulation, de leur adoption et réappropriation de part et d’autre de la Méditerranée, permet de sortir des travers de certaines lectures paradigmatiques qui ont pensé le pourtour méditerranéen selon deux postures opposées. D’abord celle du socle méditerranéen commun, envisageant les aspects matériels sous l’angle d’un déterminisme écologique ou sociologique tenant peu compte des spécificités culturelles des civilisations méditerranéennes médiévales. Ensuite, la posture de la Méditerranée comme un espace frontalier, où s’entrechoquent des cultures diamétralement opposées, engagées dans un affrontement continu. L’étude de la culture matérielle peut participer à dépasser l’aspect clivant de ces deux lectures, en mettant l’accent sur les espaces de contact et les flux d’échanges.
L’actuel projet a ainsi pour objectif de scruter différentes facettes des échanges matériels et techniques en Méditerranée médiévale, au travers de l’exemple de l’Occident musulman médiéval (Andalus et Maghreb). La notion de culture matérielle, par la richesse des questionnements qu’elle suscite et la multiplicité des champs disciplinaires qu’elle implique, offre un cadre prometteur pour réflexion. Son terrain d’étude englobe tous les aspects des rapports de l’homme à la matière et à la technique, notamment:
* les rapports de l’homme au milieu naturel et la mise en valeur des ressources naturelles
* les techniques de production et l’organisation du travail
* les produits matériels obtenus (objets, paysages, outils de productions, produits consommables) en tant qu’artefacts.
Partant de cette définition, l’on pourra s’interroger sur les artefacts échangés en Méditerranée médiévale comme vecteurs de valeurs culturelles et supports d’expressions identitaires, dont la circulation participe de la construction du rapport à l’Autre et de son identification. Plusieurs pistes de recherche sur les circuits de ces échanges et leurs modalités, ainsi que sur les formes d’emprunts, de réception, de réappropriation ou de rejets d’artefacts, peuvent être soulevées.
Pour le monde musulman, peu de travaux ont abordé la question de la place accordée aux objets occidentaux et leur réappropriation. Des enquêtes spécifiques à des types variés d’artefact permettraient de saisir la diversité des formes d’encodage social et culturel Occident musulman. L’on peut ainsi s’interroger sur les modalités de la réutilisation dans les lieux de culte musulmans d’objets chrétiens, notamment de cloches importées en guise de trophées et remployées en lustres. Dans un contexte séculier, il convient de s’intéresser à l’utilisation et à la diffusion des tissus européens à la fin du Moyen âge. Produits en grande quantité grâce au développement des techniques de fabrication, les tissus européens inondent les marchés des pays musulmans et supplantent progressivement des productions locales peu compétitives.
Enfin, il serait nécessaire de revenir d’une manière précise sur le rôle de la langue comme forme de réappropriation des éléments de la culture matérielle. Comment les objets changent de noms (et peut être aussi de statut) le long de leurs voyages entre les cultures, ou, dans le cas contraire, comment les emprunts linguistiques accompagnent le transfert des artefacts.
Vers le groupe de recherche «La France et la Méditerranée. Espaces de transfert culturel» Enlace
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