Call for papers Fustat: contrôle des territoires et réseaux d’autorité

1/10/12 .- http://www.ifao.egnet.net

Appel à contributions/Call for papers Fustat: contrôle des territoires et réseaux d’autorité (milieu VIIe-milieu Xe s.)/ Fustat: Control of territories and authority network Mid. 7th/Mid. 10th century

Dans le cadre du programme de l’Ifao Provinces et empires L’Égypte islamique dans le monde antique : mutations administratives, sociétés plurielles et mémoires concurrentes, ce premier colloque a pour objectif l’étude de la place de Fustat; dans le paysage égyptien, de la conquête islamique du milieu du VIIe siècle jusqu’à sa perte de statut de capitale avec la fondation du Caire au milieu du Xe siècle.

La fondation de Fustat; en 21/642 marque la naissance de la capitale de l’Égypte musulmane, ville dans un premier temps peuplée par les nouveaux maîtres du pays, mais qui ne tardera pas à accueillir des arrivants qui vont, très vite, diversifier la population de la ville (migration de nouveaux Arabes, achat d’esclaves, introduction d’une main d’œuvre locale, installation de commerçants, de lettrés, etc.).

Cette nouvelle fondation eut également un impact territorial sans précédent. Elle déconstruit progressivement l’ancienne organisation provinciale dont les dynamiques se recomposent alors dans des cadres nouveaux. Avant la conquête, les capitales des quatre provinces byzantines (Alexandrie, Péluse, Arsinoé/Oxyrhynchus, Antinoé), étaient en contact direct avec la capitale impériale de l’empire byzantin, Constantinople. La nouvelle configuration donne un centre unique à la province de Misr, Fustat;, qui est désormais un échelon incontournable de communication avec les nouveaux centres impériaux (Médine, Damas, Bagdad).

Dans l’examen du passage de l’Égypte antique d’une province de l’empire byzantin à une province de l’empire musulman, l’historiographie a présenté une analyse en termes de ruptures vs continuités. Or, s’il convient en effet de relativiser les importantes transformations et de repérer aussi les évidentes continuités, il n’en reste pas moins que ces événements doivent être examinés en termes de nouvelles dynamiques dont les temporalités ne sont pas superposables : fondation de Fustat;, nouvelle religion dominante, changement de langue administrative, organisation du territoire renouvelée et, plus encore, migration de population.

La volonté du nouveau pouvoir de contrôler de très près les ressources du pays est manifeste et se laisse appréhender dans la documentation dès le début de l’époque islamique. Cette volonté se traduit par la nomination immédiate de fonctionnaires dans la province, par le contrôle méticuleux de l’assiette fiscale et l’introduction de nouveaux impôts, ainsi que par les réquisitions de main d’œuvre aussi bien que de produits manufacturés.

La politique de contrôle, voire de centralisation, devient de plus en plus tangible au début du VIIIe siècle. Les nombreux documents administratifs montrent en effet une maîtrise rigoureuse des hommes et des biens par les agents fiscaux nommés directement par le gouvernement de Fustat;, lesquels remplacent les anciens cadres locaux hérités du système byzantin. Ce contrôle se manifeste aussi dans la volonté des dirigeants d’appliquer leur propre langue dans les rouages de l’administration, amenant ainsi progressivement à la disparition du grec du cercle administratif, après un millénaire d’existence dans la vallée du Nil, laissant également une place nouvelle à la langue copte dans la sphère administrative.

1. Dynamiques urbaines et émergence d’une société fustatienne

Les dynamiques sociales qui ont conditionné la physionomie de la ville ont généré une rapide recomposition de la première fondation. De la ville-camp occupée d’une façon extensive avec deux modestes noyaux urbains, on est passé rapidement à un tout autre modèle, avec l’abandon des concessions tribales au profit d’un développement urbain avec de nouveaux équipements (arsenal, marchés, bâtiments administratifs…) Des quartiers sont requalifiés, par exemple al-Ḥamrā’ ou encore al-Qarsfa.

Quels sont les problèmes méthodologiques que pose l’étude de la fondation de Fustat; au vu d’un apport très faible des sources papyrologiques sur la plus haute période par rapport au Sa‘īd ?

Comment à fonctionné l’approvisionnement de la ville en ressources et en main d’œuvre pour sa construction ? Quel attrait représentait cette ville au développement urbain rapide pour les populations conquises ? Comment y étaient-elles intégrées topographiquement, socialement et juridiquement ?

On explorera aussi comment le milieu intellectuel fustien est né et s’est développé spécifiquement dans cette ville, et de quelle manière se manifeste l’histoire de la ville dans ses écrits. En dehors d’une littérature pré-fatimide centrée sur la capitale et ses hommes célèbres, on dispose de nombreux papyrus littéraires datant du IIIe/IXe siècle, publiés mais jamais exploités.

2. L’autorité d’une capitale: des institutions et des fonctionnaires

Quelles sont les institutions perfectionnées depuis Fustat pour manifester son autorité sur les personnes et les biens, et contrôler le territoire égyptien ? Et comment fonctionnent-elles ?

Quel rôle exact est dévolu aux premiers fonctionnaires arabes que l’on rencontre dans les documents grecs et coptes de l’après-conquête ? Et quelles sont les étapes historiques qui amènent, à terme, le remplacement des fonctionnaires autochtones par des agents musulmans nommés directement de Fustat?

Quel rapport existait-il entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux pour la régulation des populations et des biens ? À quel degré le contrôle fustien était-il opératoire dans la province ?

Enfin, il convient de poser la question de l’identification de l’autorité califale dans cet espace provincial : de quelle manière se manifestait-elle ? Peut-on dissocier, dans le cadre de l’exercice du pouvoir, l’autorité califale de l’autorité provinciale ?

3. Mutations des normes et des statuts dans un nouvel espace provincial

Que deviennent les capitales de l’Egypte byzantine (Alexandrie, Péluse, Arsinoé/Oxyrhynchus, Antinoé) une fois qu’elles ont perdu ce rôle ?

Comment les autochtones se représentent-ils le nouveau pouvoir exercé depuis Fustat? Quelle est l’essence de la relation conquérant-conquis et de quelle manière se manifeste-t-elle dans la documentation : papyrus produits de part et d’autre, comme littérature historique écrite par les dominés (apocalypses, chroniques) ?

Par quelles politiques d’adaptation, de contournement ou d’adhésion les administrés arrivent-ils à échapper au fisc, aux contrôles sur le déplacement des personnes ? Quelles stratégies mettent-ils en place : adhésion au groupe dominant ou, au contraire, opposition lors de révoltes ?

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Fustat: Control of territories and authority network Mid. 7th/Mid. 10th century

Within the framework of the IFAO’s research project: Provinces and Empires, Islamic Egypt in the Antique World: administrative transformations, plural society and competing memories, the aim of this first conference will be to investigate the role of Fustat; in the new provincial Egyptian space, from the Islamic conquest in the middle of the 7th century until the loss of its status as capital with the foundation of Cairo in the middle of the 10th century.

The foundation of Fustat in 21/642 marks the birth of the capital of Muslim Egypt. Although the first settlement was initially restricted to the new masters of the country, it rapidly integrated newcomers who profoundly diversified the composition of its population (migration of new Arab groups, integration of slaves, settlement of imported manpower, implementation of merchants, scholars, etc). This new foundation also had a profound territorial impact. It gradually altered the former provincial organization, which was progressively recomposed following new dynamics. Before the conquest, the capitals of the four Byzantine provinces (Alexandria, Pelusium, Arsinoe/Oxyrhynchos, Antinoe) were in direct contact with the imperial centre in Constantinople. The new configuration provided the province of Misr with a unique provincial centre, Fustat, which was henceforth an unavoidable echelon for communication with the new imperial Muslim capitals (Medina, Damascus, Bagdad).

When looking at the dynamic transition of Late Antique Egypt from a province of the Byzantine Empire to a different province in the early Islamic Empire, recent historiography has proposed to analyze those phenomena in terms of continuity and change. Important transformations and obvious continuities can indeed be identified, but the complexity of this investigation lies in the general framework of the new dynamics, the temporalities of which do not overlap: the foundation of Fustat, the introduction of a new dominant religion, the change of administrative language, the new territorial organization, and the migration of new groups of population.

The close control imposed by the new masters of the country on its resources and population is clear from a variety of sources dating back to the very beginning of the period. It is manifest in the immediate appointment of officials over the province, but also in the meticulous control of tax revenue along the introduction of new taxes and requisitions of agricultural and manufactured products and forced labour. This policy of control, or even centralization, becomes more tangible by the first decades of the 8th century. Numerous administrative documents from this period show rigorous regulation of the population and resources by fiscal agents appointed directly by the government in Fustat;, progressively replacing the traditional local elite that occupied those positions in continuity with the Byzantine system. Those initiatives of control are also manifest in the increasing use of the Arabic language at the local level, progressively pushing the Greek language, which had been in use for a millennium in the Nile valley, out of the administrative sphere, but also opening a new administrative status for the use of Coptic.

1. Urban dynamics and development of a Fustatian society

The social dynamics that conditioned the layout of the city of Fustat; at its creation generated a rapid development of this first foundation very soon after the conquest. From a city-camp occupied extensively along two modest urban nuclei (dār and ḫiṭṭa), a different model soon developed, abandoning the framework of tribal concessions for a larger urban development including an arsenal, markets, administrative headquarters, etc.

The image given both by archaeological investigation and in literary sources composed centuries after the foundation of the city, points to the rapid evolution of the city-camp after the conquest along social dynamics that need to be investigated. What was for example the role played by political dynamics in this development?

What are the methodological problems of studying the foundation of the city in the face of the limited documentary evidence for this period compared to the sources available for the Ṣa‘īd?

How was the supply of the city organized, both in resources and manpower for its construction? How much did this constant urban development attract the migration of the conquered population? How were they integrated in the topography of the new capital and along which social and legal dynamics?

We will also explore how the intellectual milieu of Fustat developed within the city and how they depicted the history of the development of the city itself. Apart from the pre-Fatimid literature composed in this milieu, focused on the city and its famous inhabitants, a large number of literary papyri dating from the 3rd/9th century need to be exploited within this study of the early Egyptian literary production.

2. Spreading the authority of a capital through institutions and officials

How were local institutions adapted from Fustat and how was the authority of the new capital manifested at the local level? What was the exact role of the first Arab officials encountered at the local level in Greek and Coptic papyri after the conquest? What were the historical developments that led to the replacement of administrators of local origin by Muslim/Arab officials appointed from Fustat?

How was the cooperation between central and local authority working in practice for the administration of the territory and its population? How did the control

of the Fustat spread throughout the province?

Finally, the question of the identification of caliphal authority at the provincial level remains to be investigated: how did it manifest itself? Can we dissociate caliphal and provincial authority in practice and identify the two levels of command within the province?

3. Transformations of norm and status and norms within a new provincial space

What happened to the former Byzantine provincial capitals (Alexandria, Pelusium, Arsinoe/Oxyrhynchos, Antinoe) once their administrative role was altered or after they disappeared from the post-conquest documentation?

How did the local population and the local administration perceive the new political power in Fustat? What was the essence of the relations between conquerors and conquered and how does it manifest itself in our documentation, namely the papyri produced by those two groups, as well as in local literary compositions (apocalypses, chronicles)?

How did the local community adapt, escape or or submit to the new fiscal demands and the control of movement ? What were their means of integration, adhesion or opposition to the new ruling class? How did revolts arise and what were their motivations?

Les propositions seront envoyées avant le 30 novembre 2012 à /Please send your proposal to Sobhi Bouderbala or Sylvie Denoix before the 30th of November 2012

sbouderbalaATifao.egnet.net/sdenoixATifao.egnet.net

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