Urbanisme et aménagement du territoire au haut Moyen Age, Ve-Xe siecle
Por Paola GALETTI. Pofesora de Historia Medieval en la Universidad de Bolonia (Italia)
7/7/08
URBANISME ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AU HAUT MOYEN AGE, Ve-Xe SIECLE
Les premiers siècles du Moyen-Age (Ve-VIe siècles) voient s’imposer et s’établir sur la scène de l’Europe toutes les ethnies de « non romains » appelés « barbares » par la culture grecque et latine. Cultures et modes de vie différents s’opposent et se confrontent au point de remettre en cause les fondements de la vie sociale et associative(1). Les traditions tribales et guerrières, le style de vie nomade et semi-nomade des « barbares » qui font irruption et finissent par s’installer au sein de l’empire romain, affaiblissent le modèle urbain de l’époque romaine tardive et en accélèrent ainsi la crise.
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En effet, le limes romain (qui longe l’axe Rhin-Danube) marque la séparation entre deux modes de vie.
D’un coté se déploie le monde des forêts et des grandes vallées fluviales de l’Europe centrale et septentrionale, où les tribus germaniques(2), qui ne vont d’ailleurs pas tarder à abandonner le nomadisme, continuent à se déplacer d’une clairière à l’autre, pratiquent l’élevage et une agriculture rudimentaire, récoltent les fruits sauvages et vivent dans le cadre de structures sociales plutôt simples. En revanche, plus à l’Est s’étendent des steppes herbeuses où les peuples nomades(3) qui les parcourent, pratiquent l’élevage et vivent de pillage. Ces deux mondes mettent en lumire un homme capable de s’intégrer au milieu naturel, hostile, mais gorgé de richesses naturelles.
Sur le plan de l’habitat, les tribus germaniques, en phase de semi-nomadisme, n’ont pas de ville, comme nous le raconte Tacite au Ier siècle après Jésus-Christ(4). Ils vivent plutôt dans des villages à larges mailles dont les maisons sont entièrement en bois, à la rigueur enduites d’argile, ou encore faites d’autres matériaux fragiles et périssables. Il s’agit de constructions simples et élémentaires, bâties sur l’exploitation des ressources environnementales. Le bois est le principal matériau de construction, mis en oeuvre à l’état brut pour des structures et des établissements d’une courte durée de vie, très vite remplacées et abandonnées. La forêt est au coeur de leur vie quotidienne, de leur culture et de leurs choix en matière de construction et d’architecture. Par conséquent, l’architecture est un art indissociablement lié au bois. Même lorsque les Germains lient connaissance avec le monde romain, ils continuent à garder en vie cette « culture du bois » dans les territoires qu’ils détiennent, à la ville comme à la campagne(5).
Les peuples des steppes, quant à eux, sont absolument nomades. Ils se déplacent et évoluent régulièrement sur des orbites fixes. Ils habitent dans des charriots-tentes ou encore dans des tentes(6). Celles-ci représentent un progrès technique dans l’organisation de la vie du berger nomade, puisque la tente peut se démonter, se transporter et se remonter. En outre, elle offre un plus grand confort. D’un point de vue technique, elle répond pleinement aux besoins de ces populations et par voie de conséquence connaîtra une très longue vie puisqu’elle franchit sans encombre notre siècle. D’un point de vue de la construction, les tribus nomades exploitent elles aussi les ressources environnementales. Ainsi, dès lors que la steppe herbeuse fournit peu de bois, essaient-ils d’optimiser ce matériau et inventent des structures démontables en bois souple, protégées entre autres par des couvertures de feutre issu de la laine du bétail(7). Ce monde tranche avec celui des Romains, fondé sur les villes et habité par des populations dont les systèmes socioculturels sont plus complexes. Certains facteurs servent de liant, comme par exemple les échanges commerciaux intenses et le rôle joué par les villes, pôles d’agrégation territoriale et sociale, foyers de consommation, lieux de résidence des propriétaires fonciers et des fonctionnaires d’État, centres de districts administratifs. La prise de possession d’un territoire, sa « romanisation », passe à travers la diffusion du modèle urbain.
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En dépit de leurs différences, les villes romaines présentent quelque ressemblance, en ce qu’elles s’efforcent de réaliser concrètement, dans le cadre d’une planification urbaine, une forme de ville idéale, qui repose sur un plan bidimensionnel et sur la conception d’une voirie par quadrillage. À l’intérieur des îlots organisés sur la base d’un quadrillage de rues perpendiculaires et parallèles, se distribuent les bâtiments publics, civils et religieux, les habitations, les activités productives. La majeure partie des habitations (à savoir, les « domus » somptueuses, puis les « domus » individuelles abritant des familles de très moyenne extraction, et enfin les immeubles constituant des « insula »), à l’exclusion des misérables cabanes des plus humbles, sont construites pour durer longtemps. On recourt alors à des matériaux solides et résistants tels que la pierre, la brique, le ciment comme liant(8).
Tout cela traduit la volonté de l’homme de dominer la nature, de la plier à ses besoins. D’où la colonisation et la assainissement du territoire, l’établissement de sites stables et organisés selon le principe de l’aménagement urbain, une architecture à long terme et un emploi majeur de matériaux non périssables, l’identification de typologies architecturales variées pour répondre aux besoins de couches sociales différentes de par leurs styles de vie et leurs moyens économiques(9).
Cette rencontre ou ce conflit d’expériences diverses, cette adaptation ou cette assimilation des uns aux traditions des autres donnent lieu à de nouveaux modes d’organisation de la vie sociale et associative et à de nouveaux rapports de groupes humains avec leur milieu ambiant. Les liens entre la civilisation romaine et les mondes barbares se forgent non seulement à travers les combats armés et les pillages, mais aussi et souvent au quotidien par la confrontation entre individus anthropologiquement différents.
Il s’ensuit alors, et entre tous, deux faits d’une importance capitale. 1) D’une part, l’Occident voit s’aggraver la crise des villes, qui sévit déjà dès le IIIème siècle. La reprise, lente qui plus est, ne se fera sentir qu’à partir du Xème siècle et diffère en mode et en temps selon les aires géographiques. 2) D’autre part, l’organisation de l’aménagement des territoires connaît une profonde transformation.
En effet, le peuplement rural s’accentue au détriment du peuplement urbain; le tissu urbain se réorganise profondément (fig.1-2); les modèles architecturaux se simplifient; l’utilisation de matériaux fragiles et périssables, faciles à récupérer dans le milieu environnant, se diffuse(10). Cette mutation est renforcée par l’apparition, entre les VIIe et Xe siècles, de nouveaux « barbares ». Ces populations diffèrent de celles qui furent jadis à l’origine de la longue saison des migrations jalonnant les IIIe, IVe et Ve siècles. Les nouveaux « barbares », c'est à dire les Slaves, les Hongrois et les Normands, présentaient des points communs avec leurs prédécesseurs dans l’organisation de leur site et de leur maison, tout en affichant d’inévitables différences dues à des systèmes socio-économiques et culturels divers(11).
Mais allons voir de plus près les traits saillants des aménagements de territoires et des habitations du VIIIe au Xe siècle, dans l’optique de ce binôme ville-campagne qui marque inlassablement la vie des hommes et les formes d’organisation de l’espace tout au long de leur histoire.
Le lien étymologique qui dans la langue latine unit d’un côté le mot civis à civitas et de l’autre à civilis, civilitas(12) traduit l’importance que revêt la ville à l’âge romain. Sa fondation et son essor en tant que coeur de la vie sociale et associative et de l’organisation d’un territoire sont considérés comme des moteurs du processus de civilisation qui, à mesure que s’étendent les conquêtes de Rome, équivaut en fait à la « romanisation » des régions dominées. Le contrôle strict de Rome sur ces dernières repose donc aussi sur l’imposition des propres structures d’organisation économique, sociale et politique, gravitant toutes autour d’un seul point de référence, la ville. Cette dernière, surtout lors de la création de l’empire, joue un rôle capital, quoique différencié d’un endroit à l’autre, dans le développement des immenses territoires étendus sur trois continents, qui embrassent donc l’Europe occidentale et orientale(13).
La crise économique de l’empire, entre les IIe et IVe siècles après Jésus-Christ, doublée d’une crise politique survenant entre les IVe et Ve siècles, et qui toutes deux s’accentuent en raison des assauts des « barbares », détermine la décadence des classes urbaines et la crise des villes, non seulement au niveau de leurs fonctions, mais aussi de leur conformation. Leur déclin, qui dans bien des cas s’aggrave au fil des siècles qui suivront le Haut Moyen-âge, et la rencontre ou le conflit entre le monde romain et les traditions germaniques, provoquent une profonde mutation quant à l’organisation du tissu urbain et même des habitations.
D’ordinaire, on observe d’une part les demeures des personnages les plus illustres et de l’autre les habitations des gens communs. Celles-ci s’élèvent souvent sur un ou deux étages. D’une taille modeste, elles prévoient en bas des échoppes et des pièces réservées au travail et Urbanisme et aménagement du territoire au Haut Moyen Age, Ve-Xe siecles en haut quelques pièces où se loger. En cas d’un seul et unique rez-de-chaussée, la maison fait essentiellement office de logement.
Les grands bâtiments, les grands immeubles divisés en appartements, appelés «insulae», représentent un phénomène surtout lié aux grands centres urbains, à commencer par Rome, qui se distingue par une forte poussée démographique, par un coût élevé des terrains et par le besoin de récupérer un grand nombre d’habitations et de locaux commerciaux en partant d’un espace limité (Fig. 2). Il s’agit de logements populaires ou semi-populaires, mais aussi de véritables dortoirs. Ce phénomène répond à des exigences qui se sont affirmées au IIe siècle après Jésus-Christ. Ce genre d’habitations ne constitue évidemment pas une constante du tissu urbain des villes de province.
Les domus, quant à elles et selon les lieux, le moment et le statut social de la famille, sont de différents types. Elles adoptent un plan généralement régulier, carré ou rectangulaire, si les conditions le permettent, et prévoient un agencement varié des éléments qui les composent: l’atrium, le vestibule, le péristyle, la cour intérieure, l’impluvium destiné à recueillir l’eau de pluie. Les pièces d’habitation se regroupent autour du péristyle, entouré parfois d’une colonnade et orné de décorations en tout genre – par exemple des puits, des cuves, des bassins et des fontaines pour l’eau, des plantes et des sols en mosaïque. Ces demeures sont rarement construites en hauteur. Autour du péristyle se pressent des pièces indépendantes et aux fonctions différentes, séparées par des couloirs, par des murs dotés de portes et de rideaux; la cuisine est généralement décentrée et dispose de plusieurs foyers. Certaines demeures comprennent également des pièces affectées au culte. Les sols, les murs et les plafonds sont ornés de mosaïques, de stucs, de peintures murales qui constituent un élément important de décoration(14).
Les maisons d’habitation se construisent avec des matériaux périssables – par exemple, le pisé, le bois, la paille – ayant servi aux habitations archaïques et qui sont remplacés par d’autres matériaux capables de garantir une plus grande solidité et surtout une durée de vie plus longue. On compte, en premier lieu, le ciment, qui s’obtient à partir du béton (préparé sur la base d’un liant et de matériaux inertes mélangés à l’eau) et qui, utilisé de maintes façons, est parfois amalgamé à des pierres et à des briques; en second lieu, la brique, sous forme de pierres cuites ou de couvertures pour les toits. Il arrive encore que l’on recoure au bois pour les étages des habitations et surtout pour les éléments accessoires et les éléments de soutien(15).
Le IVe siècle marque le départ d’une période de transformation de l’habitat urbain, dont l’évolution est documentée, lorsque c’est possible, par la recherche archéologique. Cette période s’accompagne de profondes mutations qui toucheront les régions d’Europe déjà englobées dans l’empire d’Occident, en raison d’un fractionnement politique de la « pars Occidentis », de l’hégémonie militaire et politique des populations germaniques qui s’y sont établies, de la chute démographique, du fléchissement des activités économiques, aussi bien urbaines que rurales(16). Par voie de conséquence, elles affecteront aussi leurs villes, qui souffrent en général replique montre de luxe d’une crise des fonctions et des activités spécifiquement urbaines, même là où le réseau urbain romain semble mieux tenir, comme dans le sud de la France et surtout en Italie,où rayonnent des capitales telles que Rome, Milan, Ravenne et puis Pavie(17).
Du IVe au VIe siècle, on assiste à la disparition de résidences très diffuses où vivent les classes de haute et moyenne extraction, que représentent les «domus» luxueuses et les habitations traditionnelles plus communes comme celles à deux étages, occupant certaines parties des îlots, construites en dur avec des matériaux essentiellement récupérés, composées de quelques rares grandes pièces, d’arcades et de cours. Seul un cercle restreint de grands propriétaires et de fonctionnaires de haut rang, l’aristocratie de la période romaine tardive, peut continuer à se permettre d’habiter les prestigieuses « domus » pour lesquelles le maître de maison tend à afficher un luxe effréné en ce qu’elles expriment sa position sociale, sa prestance économique et politique.
Souvent, le fractionnement et la dégradation de ces immenses « domus » urbaines donnent naissance à des unités d’habitations individuelles, dont la construction la plus humble adopte des murs en bois et des sols en terre battue, où sont aménagés des foyers pour le chauffage et pour la préparation des repas. La technique de construction la plus répandue semble être alors une technique mixte, qui intègre la récupération et la réutilisation de vieilles maçonneries différemment mises en oeuvre à partir du bois, d’autres matériaux périssables ainsi que de liants d’une plus ou moins grande qualité (chaux ou argile)(18).
Cette transformation du tissu urbain se poursuit du VIe au Xe siècle(19). Elle s’accélère dans la péninsule italienne avec l’arrivée des Lombards aux alentours de la moitié du VIe siècle. De l’autre côté des Alpes, et notamment dans les territoires les moins profondément romanisés, ce phénomène s’opère déjà et va de pair avec le déclin de la ville en tant que principale enceinte d’organisation de la vie politique, économique et sociale sous les différents règnes romano-germaniques.
Il suffit de penser au rapport qui lie les rois germaniques et leurs villes-capitales, généralement différentes de celles des anciens gouvernements. Les rois wisigoths en possèdent quelques-unes, le long de la route qui les conduira à la péninsule ibérique (Bordeaux, Toulouse, Narbonne et enfin, à partir de 551 Tolède). Cependant, ils affectionnent la campagne, comme Gerticos et Pamplica par exemple. Les rois Burgondes, eux aussi, préfèrent à l’antique « pretorium » de Genève leurs maisons de campagne à Ambérieu et à Carouges. Même les Carolingiens, plus tard, qui pourraient profiter de vivre dans une ville privilégiée telle que la capitale Aquisgrana, et disposer du palais royal et de la chapelle palatine, optent pour une cour essentiellement itinérante, se déplaçant d’une « curtis/villa » de propriété royale à une autre(20).
Mais revenons à l’Italie, dominée en partie par les germains Lombards qui s’y établissent au nord comme au centre-sud. À l’inverse des autres, cette invasion provoque une rupture, initialement violente, des équilibres précédents, qui modifiera les structures institutionnelles, économiques, sociales et même l’aménagement du territoire dans les terres situées sous le contrôle direct des envahisseurs et qui enclenchera des processus de transformation jusque dans les terres qu’ils ne dominent pas(21).
Dans la « Langobardia » la décadence urbaine s’accentue, alors que la campagne où s’organise la vie économique, sociale et même politique, garde son rôle y compris au cours de la domination des Francs qui s’ensuit à partir de 774 (22).
Urbanisme et aménagement du territoire au Haut Moyen Age, Ve-Xe siècles Les sources écrites nous rapportent l’existence de centres urbains qui, à des degrés différents, présentent un aspect nettement ruralisé, et dont les habitants n’occupent plus qu’une toute petite partie. On y observe non seulement des zones désertées, avec des bâtiments en ruine, mais aussi des champs, des potagers, des jardins, des vignes, des vergers. La recherche archéologique a, elle aussi, confirmé la présence de terres cultivées à l’intérieur des villes et a identifié dans les couches correspondant cette période des dépôts de terre brune (Fig. 3)(23).
Les bâtiments,
à l’exception des « palatia » du pouvoir public, ne vont pas sans rappeler l’aspect des structures rurales, même pour ce qui touche à l’organisation de l’espace intérieur, au mobilier et aux ustensiles de la vie domestique.
On retrouve en milieu urbain la maison-cour. Le coeur de cette habitation se compose de plusieurs bâtiments qui se déploient au rez-de-chaussée. L’intérieur se caractérise par la présence constante de cours, de potagers, d’autres petites parcelles de culture de production. La présence du ‘vert’ à proximité du logis répond donc à un objectif utilitariste et notamment nutritionnel, alors que dans les anciennes «domus», le vert apportait la touche finale à la décoration de la demeure, en renforçait le prestige, sans compter qu’il était synonyme de confort et de détente.
On se sert des grands monuments qui caractérisent le paysage de la ville antique comme carrières de matériau de construction (pierre, brique, mais aussi matériaux nobles), car ils ne sont plus utilisés selon leur fonction première. On les réutilise sous de nouvelles formes, allant parfois jusqu’à des transformations draconiennes, comme dans le cas de bâtiments publics convertis en habitations privées.
Cependant, outre le matériau de récupération, on a également souvent recours au bois selon différentes techniques de construction, même pour les toits (sous forme de scandolae), et à d’autres matériaux végétaux et périssables, comme la paille pour couvrir les toits ou comme l’argile qui sert de liant ou d’enduit.
En fait, l’archéologie confirme ces données et identifie deux types d’habitat. D’une part, elle distingue un habitat d’assez bonne qualité qui témoigne de la continuitéde technologies de construction romaines (opus romanense), mais qui se réfère essentiellement à des bâtiments religieux et aux établissements publics. Réservé à une classe élitaire, il est le fruit d’une main d’oeuvre qualifiée capable de maîtriser des technologies complexes. D’autre part, elle distingue un habitat plus fragile et précaire, réalisé presque exclusivement par la famille ou par des groupes d’individus dont les connaissances technologiques sont très générales, mais particulièrement pointues lorsqu’il s’agit du travail du bois, qui de coutume constituait le matériau des constructions germaniques.
Tout cela pourrait expliquer la préférence accordée à ce dernier type de structures qui va de plus en plus émailler le paysage urbain, dès la moitié du VIe siècle. Mais la rareté des artisans liés au cycle complexe de construction pourrait en être l’autre cause. En effet, leurs prestations ne sont plus requises, si ce n’est par une élite, car très probablement les modèles d’habitation et d’établissement qu’ils proposent ne correspondent plus aux nouveaux besoins de populations qui sont longtemps restées attachées à un modèle de vie très éloigné de celui de l’urbanisme classique(24). Qui plus est, ces populations préfèrent investir, le cas échéant, leurs ressources dans de riches matériaux funéraires plutôt que dans une habitation de qualité, comme celle qui a partiellement survécu jusqu’au VIe siècle(25).
C’est surtout l’habitation en bois, dont on retrouve la trace, ainsi que l’habitation à technique mixte, à travers la récupération de matériaux (Fig. 4). Il en va de même pour les IXe et Xe siècles(26).
Quant à la qualité des murs des bâtiments ainsi construits, les résultats des fouilles archéologiques conduites en Italie et au-delà des Alpes permettent de dénombrer trois principaux types de maisons: les maisons dont les poteaux portants sont plantés dans le sol; les maisons dont les parois résultent d’un assemblage de planches ou de poteaux verticaux reposant sur une base en pierre; les maisons dont les parois en bois sont différemment structurées et fixées à des poutres horizontales enfoncées dans la terre.
Il est difficile d’identifier la technique du clayonnage, si ce n’est à partir des résidus d’argile qui porte encore l’empreinte de l’assemblage des branchages.
Il s’agit de bâtiments, qui s’insèrent éventuellement dans une « maison-cou r» et qui
généralement, lorsqu’ils sont d’après les documents à usage d’habitation, se présentent comme des maisons « terraneae », dotées tout au plus d’une seule pièce, dontle sol en terre battue accueille le foyer(27).
En «Romania», dans les territoires qui pendant longtemps n’ont pas connu, voire jamais connu, la pénétration de Lombards et de Francs et qui gravitaient dans l’orbite de l’empire d’Orient, le lien avec la tradition romaine semble être resté plus étroit, à travers la médiation byzantine. Dans cette aire géographique, les villes n’échappent pas au processus général de décadence prévisible ici aussi – mais il s’agit, je l’ai déjà dit, d’un phénomène qui touche tout l’Occident. Elles continuent néanmoins à jouer un rôle de premier plan dans l’organisation de la vie politique, économique, sociale jusque dans leur territoire, qui continue – et ce n’est pas un hasard – à s’organiser selon des schémas de dérivation romaine, quoique transformés(28).
Les documents écrits nous indiquent l’existence, au cours des siècles illustrés plus haut, d’habitations citadines plutôt complexes et structurées, qui diffèrent profondément des habitations des villes d’empreinte « germanique ».
Les sources écrites font notamment allusion à un type de maison dont les habitants sont de haute et moyenne extraction, à savoir qu’ils appartiennent aux grandes familles, à la petite aristocratie ou à la classe moyenne locale. Ainsi trouvons-nous des demeures à deux étages maximum, divisées en pièces aux fonctions différentes, qui sont désignées selon la terminologie latine classique (Fig. 5). Elles s’insèrent dans un tissu urbain qui présente encore de nombreux exemples de ces habitations renvoyant à des modèles de la période tardive de l’antiquité.
Les parois de ces habitations sont en dur – la pierre et la brique sont documentées, surtout de récupération, alors que les toits sont couverts de « tegulae et imbrices». S’érigent aussi des habitations dont le rez-de-chaussée est en pierre et le premier étage en bois. Dans ce cas, la couverture des toits est généralement formée de « scandolae » en bois, plus légères. De même, des documents nous apprennent l’existence d’habitations, dont le bois est le principal matériau de construction, mais qui ne constituent cependant pas une règle.
La recherche archéologique documente pareillement des structures en dur et des couvertures en brique – il s’agit généralement de matériau de récupération – et notamment, à technique mixte, qui expriment à mon sens une volonté de poursuivre la tradition de l’architecture s’inscrivant dans une période tardive de l’antiquité.
Ces structures répondent aux besoins des classes dirigeantes locales, qui continuent à vivre et à travailler dans les villes et qui prennent encore part aux modèles culturels de l’antiquité, quoique transformés(29). En ce sens, l’influence byzantine a dû jouer un rôle considérable.
À l’époque tardive de l’antiquité et durant le haut Moyen-âge, en effet, dans les territoires de l’empire d’Orient, une certaine vitalité urbaine perdure, même si aux VIIe et VIIIe siècles la vie citadine et les activités économiques qui lui sont liées, surtout commerciales et manufacturières, traversent des moments difficiles. La reprise se fait sentir vers la moitié du IXe siècle lorsque s’affirme la dynastie macédoine, qui oeuvre à l’expansion territoriale et travaille au redémarrage du commerce et au réveil de la ville. Malgré ses périodes de crise, Constantinople est la plus haute expression de la longue vitalité urbaine orientale(30).
À cheval sur le nouveau millénaire, le développement agricole et démographique, l’essor des échanges locaux, régionaux et internationaux et des activités manufacturières favorisent la renaissance des villes. De nouveaux centres se réalisent, notamment en Europe centrale et septentrionale, alors que d’anciennes villes se repeuplent. Le développement urbain est considérable d’abord en raison de l’ampleur de sa diffusion ou de son peuplement, mais aussi parce que dans les villes de nouvelles assises sociales se créent, de nouvelles formes de vie politique s’expérimentent et de nouvelles valeurs civiles et culturelles émergent(31).
Paola Galetti
NOTES
(1) Y.A.Dauge, Le Barbare: recherches sur la conception romaine de la barbarie et la civilisation, Bruxelles 1981; K. Modzelewski, Europa romana, Europa feudale, Europa barbara, Bullettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medioevo e Archivio Muratoriano, 100 (1995/96), p. 377-409; L. Leicejewicz, Il barbaricum: presupposti dell’evoluzione altomedievale, in Storia d’Europa, III Torino 1994, p. 41-83; S. Gasparri, Prima delle nazioni. Popoli, etnie e regni fra antichità e medioevo Roma 1997; W. Pohl, L’universo barbarico, in Storia Medievale, Roma, 1998, p. 65-88; S. Gasparri, I fenomeni di acculturazione: le culture germaniche e la trasformazione del mondo romano, [in:] Collodo S., Pinto G. (eds.), La società medievale, Bologna 1999, p. 29-57; C. Azzara, Le invasioni barbariche Bologna 1999; W. Pohl, Le origini etniche dell’Europa. Barbari e romani tra antichità e medioevo Roma 2000.
(2) L. Musset, Le invasioni barbariche. Le ondate germaniche, Milano 1989; M.Todd, The Early Germans, Oxford 1992; W. Pohl, Die Germanen, Munchen 1998; H. Wolfram, I Germani, Bologna 2005.
(3) W. Pohl, Die Awaren, München 1988; Popoli delle steppe: Unni, Avari, Ungari, Spoleto 1988; W. Pohl, L’universo barbarico, op.cit., p. 84-86; W. Pohl, Le origini etniche, op.cit.
(4) Cornelio Tacito, La Germania. La vita di Agricola. Dialogo sull’eloquenza, ed. A. Resta Barile, Bologna 1989, p. 2-78.
(5) P. Galetti, Uomini e case nel Medioevo tra Occidente e Oriente, Roma – Bari 2004, p. 3-8.
(6) Ammiano Marcellino, Le Storie, ed. A. Selem, Torino 1965, XXXI, 2, p. 1-13, 17-25
(7) P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 8-14.
(8) L. Homo, Roma imperiale e l’urbanesimo nell’antichità, Milano 1976; L. Cracco Ruggini, La città romana dell’età imperiale, [in:] Rossi P., (ed.), Modelli di città, Torino 1987; P. Gros, M. Torelli, Storia dell’urbanistica. Il mondo romano, Roma – Bari 1988; J. Wacher, (ed.), Il mondo di Roma imperiale.II. Vita urbana e rurale, Roma – Bari 1989; A. Zaccaria Ruggiu, Spazio privato e spazio pubblico nella città romana, Roma 1995.
(9) P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 103-108.
(10) N. Christie, S.J. Loseby, (eds.), Towns in transition. Urban Evolution in Late Antiquity and the Early Middle Ages, Aldershot 1996; P. Galetti, Abitare nel Medioevo. Forme e vicende dell’insediamento rurale nell’Italia altomedievale, Firenze 1997; G.P. Brogiolo, S. Gelichi, La città nell’alto medioevo italiano. Archeologia e storia, Roma – Bari 1998; T. Slater, (ed.), Towns in decline (100-1600), Aldershot 2000, p. 31-71, 72-92; S. Gelichi, The cities, [in:] La Rocca C., (ed.), Italy in the Early Middle Ages, Oxford 2002, p. 168-188; F. Bocchi, M.Ghizzoni, R. Smurra, Storia delle città italiane. Dal Tardoantico al primo Rinascimento, Torino 2002; C. La Rocca, Lo spazio urbano tra VI e VIII secolo, [in:] Uomo e spazio nell’alto medioevo, Spoleto 2003, p. 397-436; P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 31-57, 71-80, 103-114; M. Valenti, L’insediamento altomedievale nelle campagne toscane. Paesaggi, popolamento e villaggi tra VI e X secolo, Firenze 2004; G. P. Brogiolo, A. Chavarria Arnau, M. Valenti, (eds.), Dopo la fine delle ville: le campagne dal VI al IX secolo, Mantova 2005; G.P.Brogiolo, A. Chavarria Arnau, Aristocrazie e campagne nell’Occidente da Costantino a Carlo Magno Firenze 2005.
(11) P.Galetti, Uomini e case, op.cit., p.14-27.
(12) G.Fasoli, F.Bocchi, La città medievale italiana, Firenze 1975, p. 3.
(13) J.F. Drinkwater, L’urbanizzazione in Italia e nelle regioni occidentali dell’impero et B. Levick, L’urbanizzazione nelle regioni orientali dell’impero, [in:] Wacher J., (ed.), Il mondo di Roma imperiale, op.cit., p. 24-68, 5-23.
(14) F. Guidobaldi, Le abitazioni private e l’urbanistica, [in:] Giardina A., (ed.), Storia di Roma dall’antichità a oggi. Roma antica, Roma – Bari 2000, p. 133-61; I. Baldini Lippolis, La domus tardoantica. Forme e rappresentazioni dello spazio domestico nelle città del Mediterraneo, Bologna 2001.
(15) M. Wheeler, Arte e architettura romana, Milano 1990, p. 128-33; F. Cairoli Giuliani, L’edilizia nell’antichità Roma 1990; A. Gara, Tecnica e tecnologia nelle società antiche, Roma 1994, p. 62-75.
(16) W. Pohl, (ed.), Kingdoms of the Empire. The Integration of Barbarians in Late Antiquity, Leiden – New York – Köln 1997; F.Marazzi, Dall’Impero d’Occidente ai regni germanici, [in:] Storia Medievale, Roma 1998, p. 89-112.
(17) A. Augenti, (ed.), Le città italiane tra la tarda antichità e l’alto medioevo, Firenze 2005
(18) G.P.Brogiolo, S.Gelichi, La città nell’alto medioevo italiano, op.cit., p. 107-121.
(19) G.P.Brogiolo, S.Gelichi, La città, op.cit., p. 121-154; P. Galetti, Caratteri dell’edilizia privata in una città capitale, [in:] Ravenna da capitale imperiale a capitale esarcale, Spoleto 2005, p. 887-914; P.Galetti, Tecniche e materiali da costruzione dell’edilizia residenziale, [in:] Augenti A., (ed.), Le città italiane, op.cit., p. 49-62.
(20) J. Heers, La città nel Medioevo, Milano 1999, p. 32-34
(21) C. Azzara, L’Italia dei barbari, Bologna 2002, p. 93-134, 144-146.
(22) P. Galetti, Abitare nel medioevo, op.cit., p. 15-38.
(23) G.P. Brogiolo, S. Gelichi, La città nell’alto medioevo, op.cit., p. 86-95.
(24) G.P. Brogiolo, Brescia altomedievale. Urbanistica ed edilizia dal IV al IX secolo, Mantova 1993; G.P. Brogiolo, La città longobarda nel periodo della conquista , [in:] Francovich R., Noyé G., (eds.), La storia dell’alto medioevo italiano (VI-X secolo) alla luce dell’archeologia, Firenze 1994, p. 555-66; G.P. Brogiolo, S.Gelichi, La città, op.cit., p. 122-145, 150-54; P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 110-112.
(25) S. Gelichi, C. La Rocca, (eds.), Tesori. Forme di accumulazione della ricchezza nell’alto medioevo (secoli V- XI), Roma 2004.
(26) P. Galetti (ed.), Civiltà del legno. Per una storia del legno come materia per costruire dall’antichità ad oggi, Bologna 2004, p. 15-118; P. Galetti, Tecniche e materiali da costruzione, op.cit.
(27) G. P. Brogiolo, (ed.), Edilizia residenziale tra V e VIII secolo, Mantova 1994; V. Fronza, M. Valenti, Un archivio per l’edilizia in materiale deperibile nell’altomedioevo, [in:] Valenti M., (ed.), Poggio Imperiale a Poggibonsi: dal villaggio di capanne al castello di pietra. I. Diagnostica archeologica e campagne di scavo 1991-1994, Firenze 1996, p. 159-218; P. Galetti, Abitare nel Medioevo, op.cit., p. 59-92; M. Valenti, L’insediamento altomedievale, op.cit., p.19-46; G. P. Brogiolo, A. Chavarria Arnau, Aristocrazie e campagne, op.cit., p. 102-108.
(28) S. Gelichi, Note sulle città bizantine dell’Esarcato e della Pentapoli tra IV e IX secolo, [in:] Brogiolo G.P., (ed.), Early Medieval Towns in West Mediterranean, Mantova 1996, p. 67-76; E. Zanini, Le Italie bizantine. Territorio, insediamenti ed economia nella provincia bizantina d’Italia (VI- VIII secolo), Bari 1998; G. Ravegnani, I Bizantini in Italia, Bologna 2004; P. Galetti, Abitare nel Medioevo, op.cit., p. 15-38; P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 112-14.
(29) G.P. Brogiolo, S. Gelichi, La città nell’alto medioevo, op.cit., p. 121-22, 145-154; P. Galetti, Edilizia residenziale in Romagna in età tardoantica e altomedievale : il caso di Rimini, [in:] Lazzari T., Mascalzoni L., Rinaldi R., (eds.), La Norma e la memoria. Studi per Augusto Vasina, Roma 2004, p. 9-24; P. Galetti, Caratteri dell’edilizia privata, op.cit.
(30) A. Carile, Introduzione alla storia bizantina, Bologna 1988; G. Dagron, Costantinopoli. Nascita di una capitale (330-451), Torino 1991; J.F. Haldon, Bisanzio: lo stato romano orientale, [in:] Storia Medievale, op.cit., p. 141-174.
(31) J. Heers, La città nel Medioevo, op.cit.; A. Grohmann, La città medievale, Roma – Bari 2003; P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 114-128; E. Hubert, La construction de la ville. Sur l’urbanisation dans l’Italie médiévale, Annales. Histoire, Sciences sociales, 1 (2004), p. 109-139.
Les premiers siècles du Moyen-Age (Ve-VIe siècles) voient s’imposer et s’établir sur la scène de l’Europe toutes les ethnies de « non romains » appelés « barbares » par la culture grecque et latine. Cultures et modes de vie différents s’opposent et se confrontent au point de remettre en cause les fondements de la vie sociale et associative(1). Les traditions tribales et guerrières, le style de vie nomade et semi-nomade des « barbares » qui font irruption et finissent par s’installer au sein de l’empire romain, affaiblissent le modèle urbain de l’époque romaine tardive et en accélèrent ainsi la crise.
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En effet, le limes romain (qui longe l’axe Rhin-Danube) marque la séparation entre deux modes de vie.
D’un coté se déploie le monde des forêts et des grandes vallées fluviales de l’Europe centrale et septentrionale, où les tribus germaniques(2), qui ne vont d’ailleurs pas tarder à abandonner le nomadisme, continuent à se déplacer d’une clairière à l’autre, pratiquent l’élevage et une agriculture rudimentaire, récoltent les fruits sauvages et vivent dans le cadre de structures sociales plutôt simples. En revanche, plus à l’Est s’étendent des steppes herbeuses où les peuples nomades(3) qui les parcourent, pratiquent l’élevage et vivent de pillage. Ces deux mondes mettent en lumire un homme capable de s’intégrer au milieu naturel, hostile, mais gorgé de richesses naturelles.
Sur le plan de l’habitat, les tribus germaniques, en phase de semi-nomadisme, n’ont pas de ville, comme nous le raconte Tacite au Ier siècle après Jésus-Christ(4). Ils vivent plutôt dans des villages à larges mailles dont les maisons sont entièrement en bois, à la rigueur enduites d’argile, ou encore faites d’autres matériaux fragiles et périssables. Il s’agit de constructions simples et élémentaires, bâties sur l’exploitation des ressources environnementales. Le bois est le principal matériau de construction, mis en oeuvre à l’état brut pour des structures et des établissements d’une courte durée de vie, très vite remplacées et abandonnées. La forêt est au coeur de leur vie quotidienne, de leur culture et de leurs choix en matière de construction et d’architecture. Par conséquent, l’architecture est un art indissociablement lié au bois. Même lorsque les Germains lient connaissance avec le monde romain, ils continuent à garder en vie cette « culture du bois » dans les territoires qu’ils détiennent, à la ville comme à la campagne(5).
Les peuples des steppes, quant à eux, sont absolument nomades. Ils se déplacent et évoluent régulièrement sur des orbites fixes. Ils habitent dans des charriots-tentes ou encore dans des tentes(6). Celles-ci représentent un progrès technique dans l’organisation de la vie du berger nomade, puisque la tente peut se démonter, se transporter et se remonter. En outre, elle offre un plus grand confort. D’un point de vue technique, elle répond pleinement aux besoins de ces populations et par voie de conséquence connaîtra une très longue vie puisqu’elle franchit sans encombre notre siècle. D’un point de vue de la construction, les tribus nomades exploitent elles aussi les ressources environnementales. Ainsi, dès lors que la steppe herbeuse fournit peu de bois, essaient-ils d’optimiser ce matériau et inventent des structures démontables en bois souple, protégées entre autres par des couvertures de feutre issu de la laine du bétail(7). Ce monde tranche avec celui des Romains, fondé sur les villes et habité par des populations dont les systèmes socioculturels sont plus complexes. Certains facteurs servent de liant, comme par exemple les échanges commerciaux intenses et le rôle joué par les villes, pôles d’agrégation territoriale et sociale, foyers de consommation, lieux de résidence des propriétaires fonciers et des fonctionnaires d’État, centres de districts administratifs. La prise de possession d’un territoire, sa « romanisation », passe à travers la diffusion du modèle urbain.
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En dépit de leurs différences, les villes romaines présentent quelque ressemblance, en ce qu’elles s’efforcent de réaliser concrètement, dans le cadre d’une planification urbaine, une forme de ville idéale, qui repose sur un plan bidimensionnel et sur la conception d’une voirie par quadrillage. À l’intérieur des îlots organisés sur la base d’un quadrillage de rues perpendiculaires et parallèles, se distribuent les bâtiments publics, civils et religieux, les habitations, les activités productives. La majeure partie des habitations (à savoir, les « domus » somptueuses, puis les « domus » individuelles abritant des familles de très moyenne extraction, et enfin les immeubles constituant des « insula »), à l’exclusion des misérables cabanes des plus humbles, sont construites pour durer longtemps. On recourt alors à des matériaux solides et résistants tels que la pierre, la brique, le ciment comme liant(8).
Tout cela traduit la volonté de l’homme de dominer la nature, de la plier à ses besoins. D’où la colonisation et la assainissement du territoire, l’établissement de sites stables et organisés selon le principe de l’aménagement urbain, une architecture à long terme et un emploi majeur de matériaux non périssables, l’identification de typologies architecturales variées pour répondre aux besoins de couches sociales différentes de par leurs styles de vie et leurs moyens économiques(9).
Cette rencontre ou ce conflit d’expériences diverses, cette adaptation ou cette assimilation des uns aux traditions des autres donnent lieu à de nouveaux modes d’organisation de la vie sociale et associative et à de nouveaux rapports de groupes humains avec leur milieu ambiant. Les liens entre la civilisation romaine et les mondes barbares se forgent non seulement à travers les combats armés et les pillages, mais aussi et souvent au quotidien par la confrontation entre individus anthropologiquement différents.
Il s’ensuit alors, et entre tous, deux faits d’une importance capitale. 1) D’une part, l’Occident voit s’aggraver la crise des villes, qui sévit déjà dès le IIIème siècle. La reprise, lente qui plus est, ne se fera sentir qu’à partir du Xème siècle et diffère en mode et en temps selon les aires géographiques. 2) D’autre part, l’organisation de l’aménagement des territoires connaît une profonde transformation.
En effet, le peuplement rural s’accentue au détriment du peuplement urbain; le tissu urbain se réorganise profondément (fig.1-2); les modèles architecturaux se simplifient; l’utilisation de matériaux fragiles et périssables, faciles à récupérer dans le milieu environnant, se diffuse(10). Cette mutation est renforcée par l’apparition, entre les VIIe et Xe siècles, de nouveaux « barbares ». Ces populations diffèrent de celles qui furent jadis à l’origine de la longue saison des migrations jalonnant les IIIe, IVe et Ve siècles. Les nouveaux « barbares », c'est à dire les Slaves, les Hongrois et les Normands, présentaient des points communs avec leurs prédécesseurs dans l’organisation de leur site et de leur maison, tout en affichant d’inévitables différences dues à des systèmes socio-économiques et culturels divers(11).
Mais allons voir de plus près les traits saillants des aménagements de territoires et des habitations du VIIIe au Xe siècle, dans l’optique de ce binôme ville-campagne qui marque inlassablement la vie des hommes et les formes d’organisation de l’espace tout au long de leur histoire.
Le lien étymologique qui dans la langue latine unit d’un côté le mot civis à civitas et de l’autre à civilis, civilitas(12) traduit l’importance que revêt la ville à l’âge romain. Sa fondation et son essor en tant que coeur de la vie sociale et associative et de l’organisation d’un territoire sont considérés comme des moteurs du processus de civilisation qui, à mesure que s’étendent les conquêtes de Rome, équivaut en fait à la « romanisation » des régions dominées. Le contrôle strict de Rome sur ces dernières repose donc aussi sur l’imposition des propres structures d’organisation économique, sociale et politique, gravitant toutes autour d’un seul point de référence, la ville. Cette dernière, surtout lors de la création de l’empire, joue un rôle capital, quoique différencié d’un endroit à l’autre, dans le développement des immenses territoires étendus sur trois continents, qui embrassent donc l’Europe occidentale et orientale(13).
La crise économique de l’empire, entre les IIe et IVe siècles après Jésus-Christ, doublée d’une crise politique survenant entre les IVe et Ve siècles, et qui toutes deux s’accentuent en raison des assauts des « barbares », détermine la décadence des classes urbaines et la crise des villes, non seulement au niveau de leurs fonctions, mais aussi de leur conformation. Leur déclin, qui dans bien des cas s’aggrave au fil des siècles qui suivront le Haut Moyen-âge, et la rencontre ou le conflit entre le monde romain et les traditions germaniques, provoquent une profonde mutation quant à l’organisation du tissu urbain et même des habitations.
D’ordinaire, on observe d’une part les demeures des personnages les plus illustres et de l’autre les habitations des gens communs. Celles-ci s’élèvent souvent sur un ou deux étages. D’une taille modeste, elles prévoient en bas des échoppes et des pièces réservées au travail et Urbanisme et aménagement du territoire au Haut Moyen Age, Ve-Xe siecles en haut quelques pièces où se loger. En cas d’un seul et unique rez-de-chaussée, la maison fait essentiellement office de logement.
Les grands bâtiments, les grands immeubles divisés en appartements, appelés «insulae», représentent un phénomène surtout lié aux grands centres urbains, à commencer par Rome, qui se distingue par une forte poussée démographique, par un coût élevé des terrains et par le besoin de récupérer un grand nombre d’habitations et de locaux commerciaux en partant d’un espace limité (Fig. 2). Il s’agit de logements populaires ou semi-populaires, mais aussi de véritables dortoirs. Ce phénomène répond à des exigences qui se sont affirmées au IIe siècle après Jésus-Christ. Ce genre d’habitations ne constitue évidemment pas une constante du tissu urbain des villes de province.
Les domus, quant à elles et selon les lieux, le moment et le statut social de la famille, sont de différents types. Elles adoptent un plan généralement régulier, carré ou rectangulaire, si les conditions le permettent, et prévoient un agencement varié des éléments qui les composent: l’atrium, le vestibule, le péristyle, la cour intérieure, l’impluvium destiné à recueillir l’eau de pluie. Les pièces d’habitation se regroupent autour du péristyle, entouré parfois d’une colonnade et orné de décorations en tout genre – par exemple des puits, des cuves, des bassins et des fontaines pour l’eau, des plantes et des sols en mosaïque. Ces demeures sont rarement construites en hauteur. Autour du péristyle se pressent des pièces indépendantes et aux fonctions différentes, séparées par des couloirs, par des murs dotés de portes et de rideaux; la cuisine est généralement décentrée et dispose de plusieurs foyers. Certaines demeures comprennent également des pièces affectées au culte. Les sols, les murs et les plafonds sont ornés de mosaïques, de stucs, de peintures murales qui constituent un élément important de décoration(14).
Les maisons d’habitation se construisent avec des matériaux périssables – par exemple, le pisé, le bois, la paille – ayant servi aux habitations archaïques et qui sont remplacés par d’autres matériaux capables de garantir une plus grande solidité et surtout une durée de vie plus longue. On compte, en premier lieu, le ciment, qui s’obtient à partir du béton (préparé sur la base d’un liant et de matériaux inertes mélangés à l’eau) et qui, utilisé de maintes façons, est parfois amalgamé à des pierres et à des briques; en second lieu, la brique, sous forme de pierres cuites ou de couvertures pour les toits. Il arrive encore que l’on recoure au bois pour les étages des habitations et surtout pour les éléments accessoires et les éléments de soutien(15).
Le IVe siècle marque le départ d’une période de transformation de l’habitat urbain, dont l’évolution est documentée, lorsque c’est possible, par la recherche archéologique. Cette période s’accompagne de profondes mutations qui toucheront les régions d’Europe déjà englobées dans l’empire d’Occident, en raison d’un fractionnement politique de la « pars Occidentis », de l’hégémonie militaire et politique des populations germaniques qui s’y sont établies, de la chute démographique, du fléchissement des activités économiques, aussi bien urbaines que rurales(16). Par voie de conséquence, elles affecteront aussi leurs villes, qui souffrent en général replique montre de luxe d’une crise des fonctions et des activités spécifiquement urbaines, même là où le réseau urbain romain semble mieux tenir, comme dans le sud de la France et surtout en Italie,où rayonnent des capitales telles que Rome, Milan, Ravenne et puis Pavie(17).
Du IVe au VIe siècle, on assiste à la disparition de résidences très diffuses où vivent les classes de haute et moyenne extraction, que représentent les «domus» luxueuses et les habitations traditionnelles plus communes comme celles à deux étages, occupant certaines parties des îlots, construites en dur avec des matériaux essentiellement récupérés, composées de quelques rares grandes pièces, d’arcades et de cours. Seul un cercle restreint de grands propriétaires et de fonctionnaires de haut rang, l’aristocratie de la période romaine tardive, peut continuer à se permettre d’habiter les prestigieuses « domus » pour lesquelles le maître de maison tend à afficher un luxe effréné en ce qu’elles expriment sa position sociale, sa prestance économique et politique.
Souvent, le fractionnement et la dégradation de ces immenses « domus » urbaines donnent naissance à des unités d’habitations individuelles, dont la construction la plus humble adopte des murs en bois et des sols en terre battue, où sont aménagés des foyers pour le chauffage et pour la préparation des repas. La technique de construction la plus répandue semble être alors une technique mixte, qui intègre la récupération et la réutilisation de vieilles maçonneries différemment mises en oeuvre à partir du bois, d’autres matériaux périssables ainsi que de liants d’une plus ou moins grande qualité (chaux ou argile)(18).
Cette transformation du tissu urbain se poursuit du VIe au Xe siècle(19). Elle s’accélère dans la péninsule italienne avec l’arrivée des Lombards aux alentours de la moitié du VIe siècle. De l’autre côté des Alpes, et notamment dans les territoires les moins profondément romanisés, ce phénomène s’opère déjà et va de pair avec le déclin de la ville en tant que principale enceinte d’organisation de la vie politique, économique et sociale sous les différents règnes romano-germaniques.
Il suffit de penser au rapport qui lie les rois germaniques et leurs villes-capitales, généralement différentes de celles des anciens gouvernements. Les rois wisigoths en possèdent quelques-unes, le long de la route qui les conduira à la péninsule ibérique (Bordeaux, Toulouse, Narbonne et enfin, à partir de 551 Tolède). Cependant, ils affectionnent la campagne, comme Gerticos et Pamplica par exemple. Les rois Burgondes, eux aussi, préfèrent à l’antique « pretorium » de Genève leurs maisons de campagne à Ambérieu et à Carouges. Même les Carolingiens, plus tard, qui pourraient profiter de vivre dans une ville privilégiée telle que la capitale Aquisgrana, et disposer du palais royal et de la chapelle palatine, optent pour une cour essentiellement itinérante, se déplaçant d’une « curtis/villa » de propriété royale à une autre(20).
Mais revenons à l’Italie, dominée en partie par les germains Lombards qui s’y établissent au nord comme au centre-sud. À l’inverse des autres, cette invasion provoque une rupture, initialement violente, des équilibres précédents, qui modifiera les structures institutionnelles, économiques, sociales et même l’aménagement du territoire dans les terres situées sous le contrôle direct des envahisseurs et qui enclenchera des processus de transformation jusque dans les terres qu’ils ne dominent pas(21).
Dans la « Langobardia » la décadence urbaine s’accentue, alors que la campagne où s’organise la vie économique, sociale et même politique, garde son rôle y compris au cours de la domination des Francs qui s’ensuit à partir de 774 (22).
Urbanisme et aménagement du territoire au Haut Moyen Age, Ve-Xe siècles Les sources écrites nous rapportent l’existence de centres urbains qui, à des degrés différents, présentent un aspect nettement ruralisé, et dont les habitants n’occupent plus qu’une toute petite partie. On y observe non seulement des zones désertées, avec des bâtiments en ruine, mais aussi des champs, des potagers, des jardins, des vignes, des vergers. La recherche archéologique a, elle aussi, confirmé la présence de terres cultivées à l’intérieur des villes et a identifié dans les couches correspondant cette période des dépôts de terre brune (Fig. 3)(23).
Les bâtiments,
à l’exception des « palatia » du pouvoir public, ne vont pas sans rappeler l’aspect des structures rurales, même pour ce qui touche à l’organisation de l’espace intérieur, au mobilier et aux ustensiles de la vie domestique.
On retrouve en milieu urbain la maison-cour. Le coeur de cette habitation se compose de plusieurs bâtiments qui se déploient au rez-de-chaussée. L’intérieur se caractérise par la présence constante de cours, de potagers, d’autres petites parcelles de culture de production. La présence du ‘vert’ à proximité du logis répond donc à un objectif utilitariste et notamment nutritionnel, alors que dans les anciennes «domus», le vert apportait la touche finale à la décoration de la demeure, en renforçait le prestige, sans compter qu’il était synonyme de confort et de détente.
On se sert des grands monuments qui caractérisent le paysage de la ville antique comme carrières de matériau de construction (pierre, brique, mais aussi matériaux nobles), car ils ne sont plus utilisés selon leur fonction première. On les réutilise sous de nouvelles formes, allant parfois jusqu’à des transformations draconiennes, comme dans le cas de bâtiments publics convertis en habitations privées.
Cependant, outre le matériau de récupération, on a également souvent recours au bois selon différentes techniques de construction, même pour les toits (sous forme de scandolae), et à d’autres matériaux végétaux et périssables, comme la paille pour couvrir les toits ou comme l’argile qui sert de liant ou d’enduit.
En fait, l’archéologie confirme ces données et identifie deux types d’habitat. D’une part, elle distingue un habitat d’assez bonne qualité qui témoigne de la continuitéde technologies de construction romaines (opus romanense), mais qui se réfère essentiellement à des bâtiments religieux et aux établissements publics. Réservé à une classe élitaire, il est le fruit d’une main d’oeuvre qualifiée capable de maîtriser des technologies complexes. D’autre part, elle distingue un habitat plus fragile et précaire, réalisé presque exclusivement par la famille ou par des groupes d’individus dont les connaissances technologiques sont très générales, mais particulièrement pointues lorsqu’il s’agit du travail du bois, qui de coutume constituait le matériau des constructions germaniques.
Tout cela pourrait expliquer la préférence accordée à ce dernier type de structures qui va de plus en plus émailler le paysage urbain, dès la moitié du VIe siècle. Mais la rareté des artisans liés au cycle complexe de construction pourrait en être l’autre cause. En effet, leurs prestations ne sont plus requises, si ce n’est par une élite, car très probablement les modèles d’habitation et d’établissement qu’ils proposent ne correspondent plus aux nouveaux besoins de populations qui sont longtemps restées attachées à un modèle de vie très éloigné de celui de l’urbanisme classique(24). Qui plus est, ces populations préfèrent investir, le cas échéant, leurs ressources dans de riches matériaux funéraires plutôt que dans une habitation de qualité, comme celle qui a partiellement survécu jusqu’au VIe siècle(25).
C’est surtout l’habitation en bois, dont on retrouve la trace, ainsi que l’habitation à technique mixte, à travers la récupération de matériaux (Fig. 4). Il en va de même pour les IXe et Xe siècles(26).
Quant à la qualité des murs des bâtiments ainsi construits, les résultats des fouilles archéologiques conduites en Italie et au-delà des Alpes permettent de dénombrer trois principaux types de maisons: les maisons dont les poteaux portants sont plantés dans le sol; les maisons dont les parois résultent d’un assemblage de planches ou de poteaux verticaux reposant sur une base en pierre; les maisons dont les parois en bois sont différemment structurées et fixées à des poutres horizontales enfoncées dans la terre.
Il est difficile d’identifier la technique du clayonnage, si ce n’est à partir des résidus d’argile qui porte encore l’empreinte de l’assemblage des branchages.
Il s’agit de bâtiments, qui s’insèrent éventuellement dans une « maison-cou r» et qui
généralement, lorsqu’ils sont d’après les documents à usage d’habitation, se présentent comme des maisons « terraneae », dotées tout au plus d’une seule pièce, dontle sol en terre battue accueille le foyer(27).
En «Romania», dans les territoires qui pendant longtemps n’ont pas connu, voire jamais connu, la pénétration de Lombards et de Francs et qui gravitaient dans l’orbite de l’empire d’Orient, le lien avec la tradition romaine semble être resté plus étroit, à travers la médiation byzantine. Dans cette aire géographique, les villes n’échappent pas au processus général de décadence prévisible ici aussi – mais il s’agit, je l’ai déjà dit, d’un phénomène qui touche tout l’Occident. Elles continuent néanmoins à jouer un rôle de premier plan dans l’organisation de la vie politique, économique, sociale jusque dans leur territoire, qui continue – et ce n’est pas un hasard – à s’organiser selon des schémas de dérivation romaine, quoique transformés(28).
Les documents écrits nous indiquent l’existence, au cours des siècles illustrés plus haut, d’habitations citadines plutôt complexes et structurées, qui diffèrent profondément des habitations des villes d’empreinte « germanique ».
Les sources écrites font notamment allusion à un type de maison dont les habitants sont de haute et moyenne extraction, à savoir qu’ils appartiennent aux grandes familles, à la petite aristocratie ou à la classe moyenne locale. Ainsi trouvons-nous des demeures à deux étages maximum, divisées en pièces aux fonctions différentes, qui sont désignées selon la terminologie latine classique (Fig. 5). Elles s’insèrent dans un tissu urbain qui présente encore de nombreux exemples de ces habitations renvoyant à des modèles de la période tardive de l’antiquité.
Les parois de ces habitations sont en dur – la pierre et la brique sont documentées, surtout de récupération, alors que les toits sont couverts de « tegulae et imbrices». S’érigent aussi des habitations dont le rez-de-chaussée est en pierre et le premier étage en bois. Dans ce cas, la couverture des toits est généralement formée de « scandolae » en bois, plus légères. De même, des documents nous apprennent l’existence d’habitations, dont le bois est le principal matériau de construction, mais qui ne constituent cependant pas une règle.
La recherche archéologique documente pareillement des structures en dur et des couvertures en brique – il s’agit généralement de matériau de récupération – et notamment, à technique mixte, qui expriment à mon sens une volonté de poursuivre la tradition de l’architecture s’inscrivant dans une période tardive de l’antiquité.
Ces structures répondent aux besoins des classes dirigeantes locales, qui continuent à vivre et à travailler dans les villes et qui prennent encore part aux modèles culturels de l’antiquité, quoique transformés(29). En ce sens, l’influence byzantine a dû jouer un rôle considérable.
À l’époque tardive de l’antiquité et durant le haut Moyen-âge, en effet, dans les territoires de l’empire d’Orient, une certaine vitalité urbaine perdure, même si aux VIIe et VIIIe siècles la vie citadine et les activités économiques qui lui sont liées, surtout commerciales et manufacturières, traversent des moments difficiles. La reprise se fait sentir vers la moitié du IXe siècle lorsque s’affirme la dynastie macédoine, qui oeuvre à l’expansion territoriale et travaille au redémarrage du commerce et au réveil de la ville. Malgré ses périodes de crise, Constantinople est la plus haute expression de la longue vitalité urbaine orientale(30).
À cheval sur le nouveau millénaire, le développement agricole et démographique, l’essor des échanges locaux, régionaux et internationaux et des activités manufacturières favorisent la renaissance des villes. De nouveaux centres se réalisent, notamment en Europe centrale et septentrionale, alors que d’anciennes villes se repeuplent. Le développement urbain est considérable d’abord en raison de l’ampleur de sa diffusion ou de son peuplement, mais aussi parce que dans les villes de nouvelles assises sociales se créent, de nouvelles formes de vie politique s’expérimentent et de nouvelles valeurs civiles et culturelles émergent(31).
Paola Galetti
NOTES
(1) Y.A.Dauge, Le Barbare: recherches sur la conception romaine de la barbarie et la civilisation, Bruxelles 1981; K. Modzelewski, Europa romana, Europa feudale, Europa barbara, Bullettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medioevo e Archivio Muratoriano, 100 (1995/96), p. 377-409; L. Leicejewicz, Il barbaricum: presupposti dell’evoluzione altomedievale, in Storia d’Europa, III Torino 1994, p. 41-83; S. Gasparri, Prima delle nazioni. Popoli, etnie e regni fra antichità e medioevo Roma 1997; W. Pohl, L’universo barbarico, in Storia Medievale, Roma, 1998, p. 65-88; S. Gasparri, I fenomeni di acculturazione: le culture germaniche e la trasformazione del mondo romano, [in:] Collodo S., Pinto G. (eds.), La società medievale, Bologna 1999, p. 29-57; C. Azzara, Le invasioni barbariche Bologna 1999; W. Pohl, Le origini etniche dell’Europa. Barbari e romani tra antichità e medioevo Roma 2000.
(2) L. Musset, Le invasioni barbariche. Le ondate germaniche, Milano 1989; M.Todd, The Early Germans, Oxford 1992; W. Pohl, Die Germanen, Munchen 1998; H. Wolfram, I Germani, Bologna 2005.
(3) W. Pohl, Die Awaren, München 1988; Popoli delle steppe: Unni, Avari, Ungari, Spoleto 1988; W. Pohl, L’universo barbarico, op.cit., p. 84-86; W. Pohl, Le origini etniche, op.cit.
(4) Cornelio Tacito, La Germania. La vita di Agricola. Dialogo sull’eloquenza, ed. A. Resta Barile, Bologna 1989, p. 2-78.
(5) P. Galetti, Uomini e case nel Medioevo tra Occidente e Oriente, Roma – Bari 2004, p. 3-8.
(6) Ammiano Marcellino, Le Storie, ed. A. Selem, Torino 1965, XXXI, 2, p. 1-13, 17-25
(7) P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 8-14.
(8) L. Homo, Roma imperiale e l’urbanesimo nell’antichità, Milano 1976; L. Cracco Ruggini, La città romana dell’età imperiale, [in:] Rossi P., (ed.), Modelli di città, Torino 1987; P. Gros, M. Torelli, Storia dell’urbanistica. Il mondo romano, Roma – Bari 1988; J. Wacher, (ed.), Il mondo di Roma imperiale.II. Vita urbana e rurale, Roma – Bari 1989; A. Zaccaria Ruggiu, Spazio privato e spazio pubblico nella città romana, Roma 1995.
(9) P. Galetti, Uomini e case, op.cit., p. 103-108.
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